Bonjour !
j'ai vraiment besoin que l'on m'éclaire sur ce sujet.
Je sais bien que la société du 17è siècle est dictée par les apparences et que l'être s'avère caché par les obligations mondaines.
Le travestissement, le changement de statut est une manière d'inverser le monde, l'ordre établi comme il était question lors de fêtes carnavalesques ou dionysiaques.
Cependant, dans Jodelet et le Roman comique de Scarron, l'être et le paraître semblent tous deux liés.
J'aimerais un peu d'aide s'il vous plait.
Merci.

2 Jean-Luc 18/05/2006 à 09:21

Tes pistes conviennent.
Tu as su percevoir les tensions entre réalisme et fiction.
Mais as-tu vu que Le roman comique était une parodie burlesque du grand roman, ou roman héroïque et sentimental en vogue à l'époque. Là aussi il y a opposition entre paraître et être.
Enfin une dernière voie, et peut-être la plus féconde, serait la réflexion du dramaturge sur le métier de comédien, personnage moderne qui doit aller du paraître à l'être.
Il est certain que Scarron cherche à réhabiliter le comédien. Scarron réfléchit aux valeurs qu'incarne l'acteur. honnêteté, mérite, art de bien faire.
Le comédien est d'abord dans ce roman un bon professionnel, voire une personne qui sait introduire la vertu dans son art. Il lui faut simplement ne pas se complaire aux facilités grossières de la farce. Son honnêteté consistera donc à bien paraître en scène, à bien représenter le monde en évitant les pièges du jeu exagéré. Comme il a découvert les vices de l'illusion théâtrale, le comédien saura y échapper sur scène et même dans sa vie personnelle.

Peut alors commencer pour lui l'ascension sociale qui le conduira des tréteaux populaires aux hôtels parisiens. Le comédien, en avatar du héros picaresque, s'inscrit donc en contrepoint de la société fermée, élitiste et illusoire de la préciosité ou du roman pastoral.

En revanche, je ne connais pas le théâtre de Scarron. Je ne pourrai donc te donner d'autre conseil que celui de vérifier si Scarron s'y livre aux mêmes analyses ou aux mêmes représentations que dans son roman. J'ai lu quelque part que Jodelet avait servi de modèle générique (introduction du valet comme personnage principal) au Sganarelle de Dom Juan .

3 margot 18/05/2006 à 14:33

Bonjour Jean-Luc !
je vous remercie infiniment pour ses pistes de lecture, qui vont de ce pas étoffer les miennes.
J'aimerais simplement vous demander si je peux approfondir le fait que Scarron ne cesse d'intervenir dans son roman, et on perçoit bien qu'il attache de l'importance à différencier l'être du paraître, l'illusion de la vérité.
Le roman étant burlesque, je me demande si cette intervention narrative ne serait pas un moyen de plus, de brouiller les pistes entre ce qui est vrai et ce qui paraît. C'est plus une parodie qu'autre chose, un travestissement du roman héroïque en vogue à cette époque.
Voilà, donnez-moi votre avis.

Merci.

4 Jean-Luc 19/05/2006 à 08:45

Scarron se comporte en auteur moderne, comme Diderot plus tard. Ces interventions incessantes de l'auteur dans sa narration ont plusieurs sens :
· Montrer au lecteur qu'il n'est pas dupe de sa fiction,
· Indiquer plus ou moins explicitement ses intentions esthétiques et apologétiques,
· Contribuer à une parodie (autodérision) de sa propre production.

Il s'agit donc bien de brouiller les pistes (comme tu l'as bien vu) dans un jeu brillant et, sous ses aspects insignifiants ou dérisoires, de mener à bien un projet sérieux de réflexion sur la vie du comédien, un des sens possibles du titre. le Roman comique .