« L’homme comme perdu dans le monde, toutes ses actions devenant insensées, absurdes, inutiles », E. Ionesco. Tel est perçu l’homme par les dramaturges du théâtre de l’absurde. Le terme « théâtre de l’absurde » fut prononcé la première fois par l’écrivain et critique Martin Esslin pour désigner une direction théâtrale importante au XX ème siècle. L’absurdité des situations mais également la déstructuration du langage lui-même ont fait de ce style théâtral un mouvement dramatique à part entière. La tragédie est, elle, un genre théâtral beaucoup plus ancien. En effet on trouve déjà des traces de ce théâtre au V ème siècle avant J-C, en Grèce. Aristote définit la tragédie (dans la Poétique ). Il faut que les personnages soient une imitation des passions humaines aussi vraisemblable que possible. Il pense alors que la tragédie est un moyen pour l’homme de purifier l’âme de ses passions. Dans son ouvrage, il y présente également les règles du théâtre. les unités, la vraisemblance et la bienséance. Est-ce que le théâtre de l’absurde peut être considéré comme une tragédie moderne. Nous allons, tout d’abord, concentrer notre réflexion sur la langue et l’histoire, caractéristiques typés de la tragédie et du théâtre de l’absurde. Ensuite, nous allons nous intéresser essentiellement aux buts de ces genres théâtraux.

L’utilisation de la langue au sein de la tragédie et du théâtre de l’absurde est fortement marquée par la présence du registre tragique. Cela se traduit par la présence de nombreux champs lexicaux comme celui de la fatalité, de la mort, de la passion désespérée. Aussi nous pouvons noter des figures de styles telles que des antithèses, des oxymores, des comparaisons, des métaphores, etc.

Nous pouvons également relever les caractéristiques principales de ce registre. une langue soutenue et une ponctuation expressive.
Les deux genres se caractérisent également à travers une histoire type. En effet, souvent, les personnages doivent faire face à une solitude extrême. Les personnages sont alors seuls, face au monde, cela révèle leur impuissance. Nous pouvons alors noter l’absence de soutient des personnages entourant le protagoniste. Cette forte solitude est très marquée dans Le Cid. publié en 1637 par Pierre Corneille, tragédie classique. Nous pouvons aussi remarquer son omniprésence dans Les Chaises, d’Eugène Ionesco, publié en 1954. L’autre caractéristique commune à la tragédie et au théâtre de l’absurde est le destin des personnages. En effet, dans la totalité des cas, les pièces se terminent par la mort ou le malheur extrême pour, le héros (et parfois d’autres personnages). Cette mort ou ce malheur profond est alors une fatalité. Il s’agit donc d’une force supérieure, le destin, qui est invincible. Ce phénomène est alors inévitable, quelle que soit la réaction des personnages. Nous sommes donc à même de dire que la langue et l’histoire des pièces de la tragédie et du théâtre de l’absurde sont similaires.

Nous allons maintenant étudier plus particulièrement les buts communs des deux genres théâtraux. Dans un 1 er temps nous allons nous intéresser à la pitié provoquée par les pièces.

Nous pouvons affirmer qu’un des buts des dramaturges tragiques, ou de l’absurde est de provoquer la pitié du spectateur. Cela permet de purger les passions des spectateurs/lecteurs. Cette pitié permet de « victimiser » les héros et protagonistes des pièces. Ce phénomène est bien visible dans la tragédie Phèdre de Racine, publié en 1677 et dans la pièce d’Eugène Ionesco La leçon publiée en 1951. Le second objectif de la tragédie et du théâtre de l’absurde est de dénoncer la société exigeante et pleine de convention. En effet, les dramaturge sont de véritables dénonciateurs de ces conditions qui fondent le monde et permettent de réduire les individus au rang de pantins. Ces individus, incarnés par des personnages sont alors victime de la société et emprisonnés au sein d’un monde qui ne leurs plait pas du tout.
Nous pouvons alors affirmer que les deux buts principaux de la tragédie sont communs à ceux du théâtre de l’absurde.

A travers l’étude des deux genres théâtraux, nous pouvons dès à présent confirmer que le théâtre de l’absurde est une modernisation de la tragédie. Cette modernisation est présente sur différents points, tels que le langage, l’histoire et les objectifs. Nous pouvons alors nous demander si le théâtre de l’absurde est une simple mise au goût du jour de la tragédie, ou, bien plus ?